" La Béatitude et la Vacuité indivisibles, la Conscience Ultime, renouvellent le lien qui unit le Lama au Divin.
Le souffle vital de ceux qui violent les voeux dans les Dix Sphères, renouvelle l'engagement des Protecteurs et des Gardiens.
Une offrande des Trois Choses Blanches et des Trois Choses Sucrées renouvelle l'engagement des Déesses Gardiennes.
L'offrande d'un peu de nourriture, d'encens et de bière, renouvelle l'engagement des Démons et des Dieux de la guerre.
L'offrande de présents par centaines et par milliers, renouvelle l'engagement des lamas égoïstes.
L'offrande de petits objets au monastère, satisfait les disciples serviteurs vulgaires.
L'offrande d'un sourire flatteur, satisfait l'esprit des moines sans foi.
Refuser l'offrande aux moines lorsqu'on va mourir, satisfait l'esprit des vieillards et des infirmes.
Doubler ou tripler l'offrande au supérieur ou à l'économe, satisfait les fonctionnaires des temples.
Egrener sans cesse un chapelet de mots desséchés, satisfait l'ambition des érudits.
Pratiquer une fausse méditation au paradis des fous, satisfait l'esprit des Gonchens livrés à eux-mêmes.
Cogner aux portes et faire aboyer les chiens, satisfait les mendiants à l'haleine empestée.
Le sourire radieux du jeune Gonchen, satisfait l'esprit des nonnes.
Les généreuses donations funéraires de thé, satisfont les crânes rasés paresseux.
La flatterie superficielle, satisfait les politiciens et les supérieurs.
Les promesses non tenues, satisfont les serviteurs sans vergogne.
Les champs stériles, satisfont les serfs.
Même s'ils prêchent dans le désert, ses propres paroles satisfont le chef de famille bavard.
Le babillage des ivrognes sans malice, satisfait les jeunes gens d'un caractère faible.
Les querelles d'argent entre maître et serviteurs, satisfont l'intendant combinard.
Le beurre et les douceurs, satisfont les mères replètes.
Les biens meubles et vendables, satisfont les pères ivrognes.
Jouer et pleurnicher dans la cendre et la crotte, satisfait les enfants gâtés.
Le célibataire sans discernement, satisfait les femmes insatiables.
Trouver des excuses habiles à la gourmandise, satisfait les gros ventres.
Le thé froid et la bière éventée, satisfont les pique-assiette affamés.
Une brise fraîche soufflant dans la montagne, satisfait les tisserandes qu'elle empêche de travailler.
Le radis cru et sans sel, satisfait les serviteurs et les paysans paresseux.
Un vase enduit d'une couche de laque, satisfait le potier dont les pots fuient.
La morve, les crachats et les crottes de nez, satisfont le fabricant de crachoirs".